[Sorcière] Abigail Brittany Cornwell | Un Amico E Cosi

>> Caractère : Abigail parait de prime abord être quelqu'un d'assez effacé. Pas vraiment timide, elle ne perd pas ses moyens dès qu'on lui adresse la parole et ses joues n'ont pas vraiment tendance à prendre une teinte carmine dès qu'elle doit s'adresser à quelqu'un, mais elle n'est pas du genre à se montrer expansive, au premier abord tout du moins. Elle n’est pas vraiment du genre à aller vers les autres. D’ailleurs, elle a plutôt tendance à chercher la solitude et à être agacée lorsqu’on essaie de l’en défaire contre son gré. Outre sa famille proche, Abi n'a que peu de relations humaines vraiment élaborées, du fait notamment de son arrivée plutôt récente à Los Angeles. Elle est le plus souvent isolée à la bibliothèque et seule dans son coin la majeure partie du temps.

Mais il ne faut pas croire qu’elle soit si fragile. C’est surtout quelqu’un d’assez complexe, et légèrement caractériel. Quelque peu lunatique, si elle ne semble pas particulièrement nostalgique, déprimée ou mélancolique, elle peut aussi bien afficher un masque joyeux dans ses bons jours, ou au contraire un air particulièrement renfrogné dans ses mauvais jours. Dans ces moments-là, et sans doute est-ce aussi un moyen de se protéger davantage, elle a tendance à envoyer bouler un peu tout le monde, et le terme délicatesse ne fait plus vraiment partie de son vocabulaire.

Elle a une idole : sa mère. Elle veut lui ressembler au mieux. C'est sans doute de là que lui vient sa détermination farouche : elle pourrait être capable de déplacer des montagnes pour atteindre les buts qu'elle s'est fixés, et ne lésine pas sur les moyens mis en oeuvre pour y parvenir. Et s’y opposer n’est pas vraiment ce qu’elle accepte le mieux : très rancunière, elle n’oublie pas facilement un affront, qu’elle parvienne ou non à s’en venger. Sa volonté lui a permis d'avoir son niveau dans les domaines du chant et du violon, ainsi que les notions de clavier qu'elle possède (le terme paraît faible au néophyte qui l'écouterait, mais elle se sait moins douée lorsqu'elle joue de cet instrument que de l'autre). La musique a toujours fait partie de sa vie, que ce soit elle qui en joue, ou son père pour elle avant ça. La création aussi, puisqu’elle « gribouille » à ses heures perdues et confectionne un certain nombre de bijoux à partir de tout un tas de pierres dont elle connaît les pouvoirs magiques. Sa mère l'y a initiée, elle s'est tout de suite accommodée à cette forme de magie qu'elle apprécie particulièrement, bien qu'on la prenne pour une folle lorsqu'elle affirme que le quartz rose apporte de la douceur ou que l'améthyste aide à faire les bons choix.

Mais derrière cette carapace de détermination, se cache la petite fille qu'elle est encore, réservée, et qui a eu du mal à gérer l'énième déracinement qu'a constitué la nouvelle affectation de son père, et encaisse plus difficilement encore le divorce de ses parents. Peut-être cela se ressent-il un peu dans les accents de sa voix mélancolique ou dans l'entêtement qu'elle montre en tout, obstinément, comme pour masquer le reste... Et en grattant le vernis au moment opportun, nul doute que l'on parviendrait à la faire craquer... Si toutefois le moment 'opportun' se présentait en présence d'autrui de nouveau. Car c'est quelqu'un de très fier, qui supporte difficilement l'échec, et si elle ne se considère pas comme particulièrement snob, c'est parfois l'impression qu'elle donne, comme elle ne se lie que très peu aux autres.

Paradoxalement, c'est quelqu'un d’assez ouvert et à l'écoute si on vient vers elle en quête d’attention, avec qui on peut avoir une conversation pendant des heures sans presque jamais entendre le son de sa voix, si tant est qu'on ait besoin de parler. Encore faut-il l’approcher. Dans ces cas-là, elle est plutôt bien placée dans le rôle de confidente, et ce qu'on lui raconte l'inspire beaucoup, même si elle se lasse rapidement de sujets redondants et finit par éviter les gens qui lui tiennent un peu trop la grappe. A contrario, elle a beaucoup de mal à exprimer ses propres sentiments, peut-être à cause de ce léger blocage qui fait qu’elle ne veut jamais se montrer vulnérable. Pourtant il est évident que si elle doit un jour livrer quelque chose, ça sera par le biais de l'art, quel qu'il soit, et sans doute plus particulièrement la musique. Et en conséquence de cela, son rôle de "St-Bernard" occasionnel s'arrête souvent à une ou deux séances de confidences, car les autres n'apprécient pas toujours de s'être livrés sans qu'il en soit de même en retour.

> Ce qu'elle aime : La musique, l'art, en général. Elle est plus musicienne que graphiste, mais apprécie autant l'un que l'autre. Elle aime se laisser porter par la musique, fredonner ou jouer avec tout ce qui lui tombe sous la main, et elle aime créer. Que ce soit des sculptures, des toiles, des gravures, ou même créer des bijoux avec tout et n’importe quoi. De vraies pierres, mais aussi des fleurs trempées dans de la résine, des cailloux d'apparence insignifiante, laqués de couleurs vives, et même des sucreries, composent bien souvent ses œuvres.

C’est d’ailleurs une autre chose à laquelle elle ne sait pas résister : dans sa sacoche, dans son casier, on trouve toujours quelques bonbons, sucettes et autres caramels dont elle ne sait pas vraiment se passer.

> Ce qu'elle déteste : Elle n'aime pas… beaucoup de choses, et notamment beaucoup de choses chez elle. De sa taille, trop menue, à ses formes, presque inexistantes, en passant par ses yeux, pourquoi a-t-il fallu qu’ils attirent tant les regards ? Et ses cheveux trop fins, trop indisciplinés. Sujet sensible si l’en est, elle a du mal à accepter la comparaison qu’on fait régulièrement d’elle à une poupée de porcelaine, pourtant tout à fait justifiée.

Elle déteste se sentir faible, et ça lui arrive bien souvent pourtant, de part sa stature ou notamment lorsqu'elle se retrouve dans des situations qui font ressortir ses phobies : Elle a le vertige et craint particulièrement les chiens, depuis qu'elle s'est fait mordre à l'âge de 5 ans, épisode dont elle garde une vilaine cicatrice sur la main gauche, qu'elle masque le plus souvent possible par des mitaines plus ou moins colorées, même lorsqu’il fait beau. Dans le même ordre d'idée, elle supporte difficilement qu'on la traite comme une gamine, même si sa stature pousse naturellement les gens à vouloir la protéger. Ou à profiter d’elle.

>> Description Physique : Elle aurait voulu être grande et de stature imposante, avec des yeux noirs et pétillants de vie qui inspireraient une certaine crainte, un certain respect. Elle est toute menue, contrairement à ses parents, très grands - son père approche les 2m, sa mère toise la plupart des femmes du haut de ses 1m81. C'est au contraire une petite et frêle brunette, aux yeux clairs, aux allures de poupée de cire qu’on a tendance à chercher à protéger. 1m54, 41 kilos, une poitrine si menue qu'elle semble inexistante et une silhouette si fragile qu'on croirait la briser en la touchant... Elle est bien loin du physique de ses rêves, et si elle ne cache pas forcément son absence de formes, elle ne cherche pas spécialement à les mettre en valeur non plus.

Sa garde-robe contient tout autant les fripes qu’elle a dénichées par ci par là, parce qu’elles les trouvaient fun que les tenues coûteuses offertes par maman - comme si ça avait pu compenser le divorce et les engueulades qui l’ont précédé - et on y retrouve à peu près toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Peu regardante quant à l’agencement des matières, des formes et des couleurs, elle s’habille selon son humeur, entrant tour à tour dans le rôle d’une petite fille modèle, d’une artiste aux inspirations hippies ou d’une pseudo-rockeuse un peu rebelle.

Elle porte les bijoux qu'elle a fait, morceaux de fleurs, de feuilles, ronds de réglisses, fraises tagada et autres sucreries trempées dans de la résine, ou pierres laquées ou non de couleurs vives, en boucles d'oreilles, pendentifs et bagues pour le moins... originaux. Dernière petite chose déjà évoquée : une cicatrice assez vilaine sur la main gauche, souvenir d’un chien du quartier, qu'elle masque sous des mitaines plus ou moins colorées, accordées à sa tenue. Elle en a d'ailleurs toute une collection.

Cher journal,

Maman m'a offert mon premier journal intime, toi, donc, pour compenser la perte de mes amies d'enfance. Tu ne remplaceras jamais Anne et Marie, mais à tout prendre, tu me serviras de défouloir... Il faut que je te raconte tout depuis le début, sinon on va s'y perdre.

Tu vois, ça aurait pu être un beau conte de fée, mais ça n'en est pas un. Maman, c'était une fille mystérieuse. Elle tirait les cartes, elle lisait des bouquins d'ésotérisme, et elle est italienne. Elle est tout le contraire de Papa. Lui, il était et est toujours dans l'import-export, il est beaucoup plus terre à terre, et la seule passion qu'il ait pour rompre son train train quotidien, c'est le violon. Il vient du Pays de Galles. Ils n'auraient jamais dû se rencontrer, et pourtant, c'est arrivé. Elle ne lit pas les cartes pour elle, jamais, c'était une règle qu'elle s'est toujours fixée. Alors elle a rencontré Papa.

Ils étaient jeunes. Elle était belle et entourée d'une aura mystérieuse et qui lui allait comme un gant. C'est Papa qui le dit. Lui, il était déjà dans la petite société d'import-export pour laquelle il n'a pas cessé de travailler, et il jouait chez lui, le soir, pour tromper son ennui. Ils se sont rencontrés sur les bancs de la faculté de langues où ils suivaient tous les deux des cours, lui pour évoluer dans son travail, elle par passion pour les langues étrangères et pour améliorer son anglais précaire.

C'était un froid matin d'octobre, quelques jours après la rentrée universitaire, et elle était emmitouflée dans plusieurs épaisseurs de pulls, écharpes et manteau épais. Il n'avait pas froid, Papa n'a jamais froid, malgré l'absence de chauffage dans l'amphithéâtre. Elle n'arrivait pas à écrire, tant ses mains étaient glacées, et elle suivait d'une oreille distraite, grelottant, le cours de civilisation latino-américaine que donnait leur professeur. Elle venait d'Italie, et elle n'était pas habituée à la fraîcheur du Pays de Galles. Il avait été séduit par son charme, par ses grands yeux noirs. Elle lui avait promis de lui rendre service en retour du prêt des notes qu'il avait prises et qu'elle avait été incapable d'écrire. Autour d'un café, ils avaient fait plus ample connaissance. Les cours s'étaient succédés, des sessions de discussion extra-scolaires s'y étaient ajoutés. Et puis il lui avait offert un cadeau de Noël qu'elle n'était pas prête d'oublier : une bague de fiançailles, après deux tous petits mois. Elle avait dit oui, trop heureuse alors de pouvoir partager sa vie.

Elle a abandonné l'Italie, et a décidé de le suivre, ou qu'il aille. Son métier l'a emporté de plus en plus souvent en France, alors elle s'est installée quelques temps avec lui à Paris, alors qu'elle était enceinte de leur fille. Moi. Ils ignoraient encore que je serai prématurée, incapable de respirer par moi-même les premiers temps. Mais j'étais en vie, et c'était, à leurs yeux, le plus beau cadeau du monde. Ca n'a pas changé depuis, mais nous ne sommes plus en France.

"Dear Diary"
Pink

Dear, dear diary, I want to tell my secrets
Cuz you're the only one that I know who'll keep
them
Dear, dear diary, I want to tell my secrets
I know you'll keep them, and this is what I've
done

I've been a bad, bad girl for so long
I don't know how to change what went wrong
Daddy's little girl when he went away
What did it teach me? That love leaves

Dear, dear diary, I want to tell my secrets
Cuz you're the only one that I know who'll keep
them
Dear, dear diary, I want to tell my secrets
I know you'll keep them, and this is what I've
done

I've been down every road you could go
I made some bad choices as you know
Seems I have the whole world cradled in my hands
But its just like me not to understand

Dear, dear diary, I want to tell my secrets
Cuz you're the only one that I know who'll keep
them
Dear, dear diary, I want to tell my secrets
I've been a bad, bad girl

I learned my lessons
I turned myself around
I've got a guardian angel tattooed on my shoulder

She's been watching over me

Dear, dear diary, I want to tell my secrets
Cuz you're the only one that I know who'll keep
them
Dear, dear diary, I want to tell my secrets
I've been a bad, bad girl

Dear, dear diary, I want to tell my secrets
Cuz you're the only one that I know who'll keep
them
Dear, dear diary, I want to tell my secrets
I've been a bad, bad girl

I've been a bad, bad girl

Cher journal,

Tu avais l'attrait de la nouveauté quand je t'ai ouvert pour la première fois pour écrire ces premières lignes. Aujourd'hui, j'ai bien grandi, et suis loin de la petite fille que j'ai été. J'imagine que je dois combler les nombreuses années passées sans écrire le moindre mot sur tes pages.

Nous sommes restés quelques temps à Paris, la ville lumière, comme Maman dit, celle de la mode et du luxe, où elle a pu s’en donner à coeur joie, d’autant qu’elle était ainsi plus proche de sa propre famille. Ca a été une période calme de ma vie, que j'ai passée à jouer avec mes camarades de classe, à apprendre le violon pour faire "comme papa" qui me jouait des berceuses le soir pour m'endormir, à apprendre le piano, aussi, au passage, et le chant... jusqu'au premier nouveau déménagement, le premier dont je me souviens vraiment, parce qu’il m'a marquée, déracinée des amies que j'avais en France, et parce qu'il a été le point de départ d'une longue lignée.

J'avais deux amies, en France, Anne et Marie. Deux cousines qu'une seule petite année séparaient, et qui étaient, tout au contraire, inséparables. Deux enfants qui faisaient les quatre cent coups sous l'impulsion de Marie, tandis qu'Anne réfrénait les ardeurs de sa cousine. Moi, j'étais là pour former le trio d'enfer que nous étions. Elles m'ont surnommée ABC et avec elles, j'ai appris à lire, à écrire, à compter. On s'entraînait toutes les trois dans la cour de récréation ou les unes chez les autres. Inséparables. Et pourtant nous étions vouées à être séparées, les deux cousines d'un côté, moi de l'autre. Car Papa parlait de plus en plus d'une mutation, et un incident arrêta sa décision.

Peu avant notre départ, le chien d’une voisine s’est échappé et je me suis retrouvée sur son passage. Pas très prudente, et très curieuse, je me suis approchée, j'ai voulu le caresser. « Mon chien n’aime pas vraiment les enfants », a expliqué sa propriétaire par la suite, comme si ça avait pu vraiment justifier qu’il me morde et ne me lâche plus tant que sa maîtresse n’était pas venue le déloger. J'avais huit ans, et je n’ai jamais pu approcher une de ces bêtes du reste de ma vie, je suis toujours terrorisée à l’idée de me faire mordre de nouveau, qu’il s’agisse d’un roquet comme celui qui m’a blessée ou d’un mastodonte plus terrifiant encore.

Papa a donc décidé d'accepter la mutation, comme si ça avait permis de m'éloigner du chien méchant. Qui savait si on n'en croiserait pas un autre, à notre prochaine destination ? Personne. Et pourtant, nous nous sommes de nouveau installés au Royaume-Uni, en Cornouailles tout d'abord. Dès lors, nous n'avons plus guère eu le temps de nous habituer à une nouvelle résidence que nous devions déménager de nouveau, encore et encore, parfois dans le même pays, parfois à l’étranger. Les joies d’avoir un père travaillant pour la branche export d’une multinationale...

Si Maman a jamais souffert de ces fréquentes mutations, elle n'en a jamais rien laissé paraître, alors moi, sa petite Dolly, je faisais pareil, comme si je ne souffrais pas de la perte de Marie et Anne, si loin en France. Après ça, je n'ai jamais vraiment voulu tisser de lien avec mes camarades, comme je savais que je devrai un jour les quitter. Maman, de son côté, n'a jamais baissé les bras, jusqu'à ce qu'elle parvienne, il y a quelques années, alors que nous étions en Irlande, à monter son studio de photo. Alors comme Maman, j'ai continué à sourire, j'ai retrouvé de nouveaux professeurs, j'ai repris de nouveaux cours, j'ai recommencé une nouvelle vie, à chaque fois.

Mais quoi que je puisse en dire, et malgré tous les efforts que j'aie pu faire, je n'ai jamais réussi à oublier totalement l’Irlande. C'est là-bas que l'une de mes nombreuses profs, qui portait éternellement le même pendentif constitué d'une feuille de trèfle prise dans de la résine, me donna l'envie de faire pareil. J'avais commencé par laquer des pierres de couleurs vives pour m'en faire des bijoux, et j'y ai donc ajouté des fleurs en utilisant le même procédé que ma prof. Et puis elle j'ai fini par faire un essai avec des rouleaux de réglisse... et j'ai poursuivi avec d'autres friandises. Je ne peux pas me passer de ces cochonneries.

L'Irlande, c’est aussi l'endroit où j'ai rencontré Ben, LE garçon. Celui qui a réussi à me faire rompre la promesse que je m’étais faite de ne plus m’attacher à qui que ce soit parce que ça ne durerait pas, parce que ça ne ferait que me faire souffrir encore comme la distance qui me sépare de Marie et d’Anne me fait toujours souffrir.

Nous n'étions pas dans la même classe, nous non plus, nous n'aurions pas vraiment dû nous rencontrer... Sauf qu’il y avait une salle de musique, et que j'ai essayé de gratter un peu sur une guitare, mais comme je ne sais pas jouer de cet instrument, ça ne donnait pas grand chose. Et puis il est entré. Un cours de guitare improvisé s'est muté rapidement en démo de ses talents de guitariste à lui et de chanteuse pour ce qui me concerne. Une passion commune pour la musique s'est au fil des semaines muée en passion l’un pour l’autre... Nous n'étions pas bien vieux, j'avais à peine quinze ans, et tout le monde nous disait que ça ne durerait pas. Et moi je savais, au fond, qu’un jour je devrais partir, encore.

A la même époque, Maman a réussi à acquérir une certaine renommée, en Irlande, quand nous avons dû une nouvelle fois déménager. Cette fois, le siège de "Angel Studio" l'a suivie. Maman a gardé une succursale là-bas, en Irlande, et les plus fidèles de ses collaborateurs, et les plus jeunes aussi, ont pris le parti de la suivre. Certains ont été nommés pour prendre le relais pour l’annexe restée en Irlande, et Maman ne s'est pas cachée de considérer les autres comme des déserteurs. Evidemment, je suis d'accord avec elle. Ils ont osé l'abandonner après tout ce qu'elle a fait ? Ils ne méritent rien d'autre que du mépris. Parce que vois-tu, Maman... c'est quelqu'un d'extraordinaire. Je suis toujours très attachée à elle, pas comme une petite fille aime la protection de sa Maman, mais plus parce que je l'admire énormément. Il faut dire que malgré son activité professionnelle pourtant très prenante, elle a toujours ménagé du temps pour appeler sa famille en Italie et pour s'occuper de sa petite brunette de fille. Ca force le respect, n'est-ce pas ?

Maman se plait à dire que c'est ma naissance, celle de sa « petite poupée » qui l'a décidée à se lancer dans la photo : pour pouvoir faire découvrir au monde sa plus belle réussite. Sa première exposition, elle l'a intitulée « Un ange tombé du ciel », et elle n'était d'ailleurs composée que de photos de moi. Etrangement, je n'aime pas trop servir de modèle, surtout quand il faut participer aux vernissages et entendre les commentaires de tout un chacun, mais d'un autre côté, je m'amuse à gribouiller des croquis des photos que maman a faites, dans un style parfois assez stylisé, et épuré, d’autres fois complètement torturé ou d’autres encore avec des couleurs psychédéliques.

Et puis nous avons dû déménager pour la énième fois pour nous installer aux Etats-Unis. Je suis le mouvement, comme je l'ai toujours fait. Mais cette fois, c'est différent. Cette fois, j'abandonne Ben derrière moi, et c'est pire encore que quand j'ai dû quitter Anne et Marie. Parce que je l’aime, vraiment. Alors je me le jure, et je te le jure à toi aussi : je ne me laisserai plus avoir. Je vais aller mieux, bientôt, et je vais l'oublier. Bientôt. Mais pour l'instant, sur ma table de chevet, il y a deux cadres qui trônent, l’un contenant la photo de deux petites filles, une blondinette aux yeux clairs, et une rouquine aux yeux verts, jouant dans le sable, et l’autre représentant un beau jeune homme souriant à l’objectif. Anne et Marie. Et Ben.

"Photo"
Ryan Cabrera

A photo can say a thousand things
But it can't say the million things I wanna say
A photo can capture the way we were
But it can't capture the way we are
'Cause you're far away
What it's like to know you
What it's like to touch you

When you told me that you loved me
were those just words
You can't tell me you don't need me
and I know that hurts
'Cause I'm looking at your picture
'Cause it's all I've got
Maybe one day
You and me will have one more shot

Timing lost minutes and moments
And I might (a) be lonely girl
But I'm not afraid
In a second
It all comes right back to me
Nothing's forgotten now
Yeah everything's saved
What it's like to touch you
What it's like to know you

When you told me that you loved me
were those just words
You can't tell me you don't need me
and I know that hurts
'Cause I'm looking at your picture
'Cause it's all I've got
Maybe one day
You and me will have one more shot

You were my life
you were my faith
You gave me hope every day

When you told me that you loved me
were those just words
You can't tell me you don't need me
and I know that hurts
'Cause I'm looking at your picture
'Cause it's all I've got
Maybe one day
You and me will have one more shot

Le bal du lycée. Max était venu avec elle pour les essayages de robes de soirée, parce que Maman n'avait pas le temps. Ils avaient choisi ensemble une robe grise, pleine de voiles et décolletée. Et Max, l'air le plus sérieux du monde, avait demandé : "Babydoll, veux-tu m'épouser ?", ce à quoi l'intéressée avait répondu par un coup de coude dans les côtes - avec sa force insignifiante, elle savait que ça ne lui ferait pas de mal. Ce qui était clair, c'était que c'était cette robe-là et pas une autre.

Ils étaient arrivés ensemble au bal de promo, mais Abi savait qu'elle repartirait sans lui : il trouverait bien quelqu'un à séduire pendant la soirée. Pourtant... C'était étrange, mais pour la première fois, elle sentait comme un pincement au coeur de le savoir finir la soirée dans les bras d'une autre. Elle n'en dit rien, cependant : elle avait autre chose à penser. Rester loin des sportifs, garder l'amulette d'oeil de taureau protectrice dans sa pochette assortie à sa robe payée avec la carte bleue de Maman.

Elle dansait seule quand elle sentit que quelque chose n'allait pas. Comment ? Impossible de le savoir, tout ce qu'elle savait, c'était que l'amulette réagissait, et donc qu'elle tentait de la protéger, mais de quoi, elle l'ignorait encore. Elle chercha Max du regard, il avait l'air en bonne compagnie, avec cette grande blonde. Elle hésita à venir le voir mais le besoin de savoir était trop fort. Elle s'approcha du duo, et Max l'attrapa par les épaules et sortit avec la grande blonde et elle à l'extérieur. La lune était pleine, et Babydoll ne tarda pas à comprendre ce qui arrivait. Maman l'avait initiée au savoir des sorcières, elle connaissait l'existence des lycans. Max allait se transformer, et ce serait le carnage. Sa cousine, comme il la présenta, se changea à son tour, et Abigail n'hésita plus une seconde, malgré la surprise. Elle commença à chanter le chant sacré des sorcières, celui qui calmait les ardeurs des lycans, qu'elle n'aurait pas cru utiliser si tôt.

Quand les deux loups furent calmés, elle s'approcha de la bête hybride qu'était devenu Max la Menace et caressa la fourrure qui lui recouvrait le museau. Et elle lui proposa le pacte de sang, celui qui lui permettrait de le calmer plus facilement encore, les fois suivantes. Un pacte qui les lierait à jamais, tous les trois. Un pacte qui la rapprocherait de lui, un peu plus encore. Et c'était tout ce qu'elle demandait.

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